jeudi 14 février 2008

Les sens en éveil

Avez-vous déjà entendu le bruit d'un souvenir ? Depuis que nous sommes partis, ils sont nombreux et ont à peine le temps de s'imprimer dans notre mémoire. En revanche, ils restent ancrés dans nos oreilles et nos narines. C'est fou comme le Sénégal est le pays des bruits et des odeurs... Rien à voir avec notre continent javelisé. Ici, la rue vit dans tous les sens. Effluves de pétrole mélangées à l'odeur du crotin et des ordures... Cette rue collective qui n'est pas seulement un moyen de se rendre d'un lieu à un autre, mais bien un endroit de sociabilisation, de partage... La rue qui se réveille avec les premiers rayons du soleil et joue les prologations, tard le soir au coin d'une télé allumée en plein trottoir pendant qu'un boucher fait cuir sa viande...

Et puis ce bruit, ces bruits. Impossible ici de trouver le silence. Les gamins qui jouent, les vendeurs qui arranguent, les bus qui défilent, les mosqués qui évangélisent, les animaux qui crient... Tous nos sens sont en éveil. Et je me pose cette question : comment les gens, ici, se réservent du temps à eux, seuls... Car, tout ici est basé sur la communauté, sur la fratrie, sur la famille... Et rien pour l'individu, pour le repli sur soi, dans le sens de la digestion des choses, de la vie... Pour le solitaire que je suis, c'est une expérience intéressante et aussi une souffrance. C'est aussi sûrement une question incongrue quand on sait que la première des priorités est de manger, de se loger, de vivre quoi !

Pierre-Yves.

Petits messages persos aux usagers du blog :

Hé, Marion, comment tu vas ? Je pense souvent à toi, tu sais. Et cette expérimentation musicale avec les gamins de Dagana ? Et ton mémoire sur la pédagogie Freinet ? Comment tout cela se passe t il ? Je compte bien un de ces quatre aller visiter Sedan et le quartier du château fort. Porte toi bien et passe le bonjour à Cactus, Li bouc et Papa Meïssa.

Flavia, sûr que nous aimerions prolonger la tournée en Guinée pour faire danser les amins de l'Unicef, mais cela va être trop juste. En tout cas, tu as raison, le virus de l'Afrique terrasse de plein fouet et ne laisse pas indemne...

Sami, comment tu vas frangin ! Mouins dix à Grenoble ! Ben ici, il fait plus 40, c'est ce qu'on appelle un choc thermique fraternel, non § Je bien pensé à toi quand nous avons longé le Mali, ce pays où tu as passé beaucoup de temps à soigner et soulager les populations sahéliennes. Maintenant, je comprends, chapeau bas p'tit frère...

Damien, nous avons croisé plusieurs fois le train quin mène de Dakar à Bamako, celui là même que tu as empruntré il y a quelques années. C'était omme dans tes photos...

MatOu, pour sûr que j'ai apprivoisé l'avion et toute sorte de transports en commun, méfie toi je risque un jour de débarquer à Kiev !

Pierre Yves

Je laisse maintenant le clavier à Mateo pour un message perso à Clementine : Salut ma petite Clementine, tu me demandes comment c'est l Afrique, alors l'Afrique c'est des chèvres qui se promènent dans la rue, des ânes qui trainent des charettes, des poules, des poussins, un coq et des troupeaux de boeufs qui traversent la route dans la campgange, suivis par un éleveur peul; ce sont des enfants aussi, de ton âge, qui jouent pieds nus dans la poussière, qui mendient parfois, parce qu'ils sont assez pauvres tu sais, et dans les classes maternelles comme toi ils peuvent être 60 ou 80, et enfin en Afrique il y a de la chaleur, de la musique, des camions deglingués et des taxis jaunes déglingos, de la viande qui grille dans des bidons ; tu verrais aussi des ordures au bord de la route; ici, les gens sont si gentils et si lumineux, avec un petit regard un peu pensif, un peu profond, un peu rond, qu'on les croirait peut-être ici d'un épisode de KIRIKOU, que tu aimes tant!
A bientôt ma petite puce! Un gros bisous à toute ta famille, à ta belle maman et aussi à ta tati jolie Mandine!!!!

Allez tchao!!!

1 commentaire:

Bernard a dit…

P.Y., en lisant ton passage sur le "bruit et le silence" ou "grouillement et solitude", j'ai pensé spontanément à une interview d'Eric Orsenna. A l'époque il passait 6 mois à Paris. Cela lui suffisait...il aspirait à plus de vie, au sens d'échange, de collectivité. Il avait besoin de partir au Mali. Mais là encore, cela lui suffisait d'y vivre 6 mois. Il aspirait de nouveau à plus de calme, à se retrouver dans son individualité... et retournait 6 mois à Paris etc. Ton interrogation est tout à fait compréhensible et me fait réfléchir.
Bonne continuation.
P.S. Bonjour à Mathilde qui vient de rejoindre le groupe des lecteurs de ce blog !