samedi 9 février 2008

La langue de Barbarie...


Non, ce n'est pas une erreur de frappe, le soleil qui me fait prendre une langue pour un orgue. Ce n'est pas non plus un dialecte local usité par de méchants canibales... Non. La langue de Barbarie, c'est un lieu de rencontre : entre le fleuve Sénégal et l'océan Atlantique. Un lieu où les deux courants s'affrontent en de magnifiques gerbes iodées, pleine d'embruns et d'entrain.


Pour y accéder, il faut quitter Saint-Louis centre, prendre un petit pont de pierre, tourner à gauche et pénérer dans le quartier des pêcheurs. Un univers à part entière. A droite, les maisons avec les enfants qui jouent au foot au milieu de la route. Des gamins en aillons et tout nus qui nous envoient des "Toubabous, Toubabous" enjoués et rigolards. A gauche, une kyrielle de camions frigoriphiques prêts à charger par milliers les cadeaux de la mer. Des maquereaux et des sardines à faire pâlir d'envie n'importe quel pêcheur de notre côté de l'Atlantique. La mer est si généreuse que des vallonnets de poissons restent à pourrir sur la route. Faisant flotter une forte odeur propagée par la brise venant des rives du fleuve.


Ce ballet se poursuit sur des centaines de mètres. Puis nous longeons le cimetière musulman avant de tomber sur une noria d'hôtels de luxe, hébergeant des Toubabs arrivés par Saint-Louis grâce aux tour-opérateurs. La route devient chemin de sable. Les pins maritimes font leur apparition. Le grondement de la mer résonne par nos vitres ouvertes. Nous sommes arrivés. Une colline à escalader et le spectacle peut commencer.


La langue de Barbarie s'offre à nous. Le vent fouette nos visages, le soleil caresse notre cuir de plus en plus tané. Pour ceux qui connaissent, cette étendue de sable me fait penser au sillon du Tallebert, près de Tréguier. En moins lunaire, certes, mais en tout aussi dépaysant et apaisant. A l'énorme différence que ce petit coin de paradis est jonché d'ordures en tout genre drainées par les flots de l'océan. Une poubelle à ciel ouvert dans un endroit magique.


Le vent et les rayons tapent et nous saoulent. Mateo et Ricou improvisent le tube de la journée : "A contre vent, à contre courant". Rien qui ne dérange mouettes et pélicans regroupés sur la pointe de la langue et dévorant les restent de poissons charriés par les vagues...


Il est déjà temps de rebrousser chemin. Nous sommes attendus pour manger à Dagana, cité du pays Toutcoulaure, jouxtant le fleuve Sénégal, non loin de la Mauritanie. Nous logeons jusqu'à dimanche matin au centre Morgane qui héberge une structure de formation des maîtres de l'association sénégalaise des écoles modernes (ASEM). Eh oui, ici on enseigne selon la pédagogie Freinet ! Vous imaginez bien que j'ai pris rendez-vous avec le directeur qui est aussi le président national de l'ASEM. Un homme d'une grande sagesse qui connaît très bien Joël Blanchard de l'école Louis-Buitton à Aizenay... Ecole où à également enseigné Mathieu.


Qui a dit que le monde était petit !


En direct de Dagana, pour les P'tites Laines, Pierre-Yves.


En espérant que tout se passe pour le mieux de votre côté et que les cols roulés ne vont grattent pas trop !

A tche faïte...

1 commentaire:

Armel a dit…

A ce que je lis, mon copain de promo Jojo a fait des émules jusqu'au Sénégal. Je suis persuadé que la méthode Freinet est parfaitement adapté au rythme de vie africain. En France les exigences des parents et le rytme des apprentissages imposé qui ne respecte que trop peu le développement de l'enfant sont tels que cette méthode reste marginale.
Stop là! retraite oblige.
Salut à tous ! Et que cette tournée continue comme elle a commencé.