Petite épicerie, superette super: tu y trouves des olives vertes, du jus d'ananas, une boîte de petits pois carottes qu'on s'enfilera gloutonnement, avec un reste de Corned Beaf et de la tablette de chocolat de l'anniversaire de Pouty, comme dirait l'autre: "que du bonheur". Rentrer de l'épicerie, dans la nuit qui vient, les lampadaires sont fatigués d'avoir défier le soleil tout le jour, alors ils sont rentrés se coucher. Bruits de la rue: ça, c'est un camion qui s'en va à Dakar, ou à Bamako peut-être; voici les étincelles d'un atelier de ferrailleur, les pleurs d'une femme dans Radio Grésille, la radio qu'on écoute allongé dans un pneu. Du pain pour parfaire le dîner qui se prépare. Quelle belle journée ! Ce matin, répétition avec les enfants, spectacle demain; sieste rituelle, échange de contes avec des collégiennes, spectacle au centre des femmes : petit préau en bois, les femmes sont assises en cercle autour de nous dans des chaises en plastique, les jeunes filles faisant partie du groupe des jeunes travailleurs de l'association forment le gros du public mais, discrètes, plusieurs femmes plus âgées suivent notre route des roms avec respect et intérêt: belles tenues, longues robes colorées, semblables au linge propre et bien blanc qui s'est pris une bonne bouffée de vent frais dans la prairie, ou dans les publicités pour un yaourt aux fruits. Pas de sueur dans ces robes. Et tu bois 3 litres d'eau.
"1000 F la papaye", me lance un homme après m'en avoir vanté les vertus, et alors que je m'apprête à montrer mes trésors aux collègues (souvenez-vous: olives vertes, petits pois, ananas en boîte, pain). "Non mais t'es pas fou, 1000 F ?!" (C'est trop, beaucoup trop)
le soir c'est rien
rien du tout
le soir ils dorment
ils ne dorment pas
ils roulent s'en vont
se garent, rentrent chez eux,
sortent,
vont au restaurant,
ils rient
c'est le soir
(J.P. Ostende)
Et demain, on se fera p'têtre une p'tite papaye à 300 FCFA.
jeudi 28 février 2008
Vus de nos yeux vus
Petit moment avant d'aller jouer au centre des femmes (spectacle que nous devrions filmer)/ Petit moment; on essaie de faire un petit inventaire de notre quartier, quartier DEPOT, Tambacounda, Sénégal.
Lampadaire allumé en plein jour,
cochons, gros, porcinets, à la dérive, dans les rues et les détritus,
animaux encore: des chèvres, des chèvres que le soleil n'épargne pas: qui mangent des paquets de cigarettes, des journaux en arabe et, parfois, même, des végétaux!
Un bouc, à l'heure de la sieste, nous laissant tout le loisir d'analyser l'étendue de son timbre de voix (au matin, le bouc est mis à mort, dépecé dans la cour de l'auberge, c'était un peu le chant du cygne du bouc, pour un baptème),
des charettes avec un vieux cheval, la course: 200 FCFA
des taxis déglingués, déglingués, mais quel est le plus déglingos de tous? (portières pétées, pares-brises explosés, fermoir à coffre très original, torchons en guise de bouchon d'essence, enfin, ici, disons que Félix, surpris, s'est retourné hier sur un taxi neuf, propre, étincelant, n'était-ce qu'une énième hallucination à la sauce piquante tambacoundaise?)
Béé, béé, béé,
camions, appelés "trompe-la-mort" ou "s'en-fout-la-mort", superbement décorés (aimerions visiter l'atelier qui les peint tous à Dakar), chargés à bloc, le chargement sur le toit est égal à 8 fois la hauteur du camion (dédicace aux marseillais),
le cours d'eau Le Mamacounda est réduit à une mare d'eau douteuse bordée d'immondices de tous poils
et aussi :
des arbres morts, d'autres verdoyants, des atelies de menuiserie, de ferrailleurs, des salons de coiffure en veux-tu en voilà (et leurs ensignes peintes de façon naïve et charmantes), des épiceries, des vendeuses de fruits (oranges, papayes, bananes), de cacahuètes, des friperires, un magasin de musiques, des télécentres, un loueur de sono, des vendeurs de poussins (mais beaucoup, hein, beaucoup beaucoup), des tailleurs,
au milieu d'une partie de foot, sur un coin de poussière, jonché d'ornières, une dizaine d'hommes poussent un taxi en panne, capot levé, sur le moteur un homme est assis en tailleur qui pompe histoire que ça démarre, un dernier au volant, ne voit rien (capot levé), mais ça ne démarre pas (3 - 1, mais il faut dire qu'ils en ont un qui a fait des essais au Bayern de Munich),
des ordures, des ordures (quoi qu'on s'habitue), du sable, du sable et de la chaleur (mais on s'y fait),
et des femmes, belles, boubous colorés, qui portent des seaux, des habits, des plats, sur leur tête,
des enfants qui portent des bassines d'ordures sur leur tête... et les jettent dans ce qui reste du Mamacouda,
des brûlots des petits déchets d'une journée écoulée (un peu de plastique, quelques peaux de bananes, paquets de cigarettes vides), qu'on fait crâmer un peu le matin,
Mais il est l'heure, vite, un nouveau spectacle , grand spectacle intitulé LA ROUTE DES ROMS, nous attend. Ca va donner les amis, ça va donner !!
Lampadaire allumé en plein jour,
cochons, gros, porcinets, à la dérive, dans les rues et les détritus,
animaux encore: des chèvres, des chèvres que le soleil n'épargne pas: qui mangent des paquets de cigarettes, des journaux en arabe et, parfois, même, des végétaux!
Un bouc, à l'heure de la sieste, nous laissant tout le loisir d'analyser l'étendue de son timbre de voix (au matin, le bouc est mis à mort, dépecé dans la cour de l'auberge, c'était un peu le chant du cygne du bouc, pour un baptème),
des charettes avec un vieux cheval, la course: 200 FCFA
des taxis déglingués, déglingués, mais quel est le plus déglingos de tous? (portières pétées, pares-brises explosés, fermoir à coffre très original, torchons en guise de bouchon d'essence, enfin, ici, disons que Félix, surpris, s'est retourné hier sur un taxi neuf, propre, étincelant, n'était-ce qu'une énième hallucination à la sauce piquante tambacoundaise?)
Béé, béé, béé,
camions, appelés "trompe-la-mort" ou "s'en-fout-la-mort", superbement décorés (aimerions visiter l'atelier qui les peint tous à Dakar), chargés à bloc, le chargement sur le toit est égal à 8 fois la hauteur du camion (dédicace aux marseillais),
le cours d'eau Le Mamacounda est réduit à une mare d'eau douteuse bordée d'immondices de tous poils
et aussi :
des arbres morts, d'autres verdoyants, des atelies de menuiserie, de ferrailleurs, des salons de coiffure en veux-tu en voilà (et leurs ensignes peintes de façon naïve et charmantes), des épiceries, des vendeuses de fruits (oranges, papayes, bananes), de cacahuètes, des friperires, un magasin de musiques, des télécentres, un loueur de sono, des vendeurs de poussins (mais beaucoup, hein, beaucoup beaucoup), des tailleurs,
au milieu d'une partie de foot, sur un coin de poussière, jonché d'ornières, une dizaine d'hommes poussent un taxi en panne, capot levé, sur le moteur un homme est assis en tailleur qui pompe histoire que ça démarre, un dernier au volant, ne voit rien (capot levé), mais ça ne démarre pas (3 - 1, mais il faut dire qu'ils en ont un qui a fait des essais au Bayern de Munich),
des ordures, des ordures (quoi qu'on s'habitue), du sable, du sable et de la chaleur (mais on s'y fait),
et des femmes, belles, boubous colorés, qui portent des seaux, des habits, des plats, sur leur tête,
des enfants qui portent des bassines d'ordures sur leur tête... et les jettent dans ce qui reste du Mamacouda,
des brûlots des petits déchets d'une journée écoulée (un peu de plastique, quelques peaux de bananes, paquets de cigarettes vides), qu'on fait crâmer un peu le matin,
Mais il est l'heure, vite, un nouveau spectacle , grand spectacle intitulé LA ROUTE DES ROMS, nous attend. Ca va donner les amis, ça va donner !!
Un mois déjà
Aujourd'hui 28 février, nous tenons à remercier les enfants des écoles de St Louis et de Thiès qui nous ont accueilli il y a 3 semaines. Effectivement, Pierre-Yves a eu le nez fin de regarder les commentaires des anciens messages et quelle surprise de voir que les enfants nous ont interpellé eux aussi à travers le blog. Donc merci encore et n'hésitez pas à nous faire parvenir vos dessins nous vous enverrons en retour les photos.
En ce jour, nous tenons également à souhaiter un très très bon anniversaire à mon papa qui va sur ses ... Gros bisous à toi et à très vite.
Mais retour à Tambacounda, nous nous sommes quittés un peu en froid la dernière fois. Ce blog va bien sûr laisser des traces et c'est pour ça qu'il faut y mettre la plupart des pensées qui nous traversent l'esprit. Si nous avons choisi de nous "lacher", c'est pour éviter de tempérer notre discours lorsque nous ferons notre retour à La Roche Sur Yon. Nous préférons avoir un discours franc sur nos partenaires afin de continuer le partenariat sur de bonnes bases. Si je me suis permis d'écrire ces quelques mots, c'est également en tant que membre de la commission Tambacounda. J'espère que mes collègues ne m'en voudront pas trop et que nous pourrons nous expliquer comme il se doit en rentrant.
Ceci dit, une nouvelle journée s'est écoulée. Hier, nous avons fait une grande promenade dans les quartiers nord de la ville. De nombreux bâtiments administratifs et au détour d'une rue le Centre Municipal Informatique cofinancé par la ville de La Roche. Un espace très accueillant qui mérite d'être développé. Le responsable nous accueille et nous présente la salle munie de 15 PC qui servent essentiellement à se former au traitement de texte et au tableur.
Sur la route, nous rencontrons un groupe de collégiens qui nous invite à boire le thé. Un beau moment de Terrenga tambacoundaise. Je joue même avec quelques talibés qui veulent me couper les poils car ça fait pas propre !
En revenant, rencontre avec le journaliste de la RTS. Discussion un peu vive car nous ne sommes pas d'accord sur le fait de considérer l'information culturelle comme de la publicité. Au bout de quelques minutes de discussion, Mathieu arrive tout de même à décrocher un interview vendredi après-midi.
Après la sieste, nous avons rendez-vous au lycée pour jouer le spectacle. La date est calée depuis une semaine et la préparation a suivi un protocole dans les règles de l'art. Nous arrivons au foyer, sortons les instruments et commençons à nous chauffer les doigts. Un petit groupe de jeunes nous écoute d'une oreille, mais ils ont cours d'EPS et ne peuvent rester avec nous. Alors nous nous retrouvons seuls à contre courant et contre le vent. Une heure passe avant que nous ne décidions de vider les lieux. Rien ne vaut les dates improvisées !
D'ailleurs, le soir nous jouons pour une soixantaine de personnes devant l'association du Chemin des Arts. Une soirée festive entre musique de La Route des Roms, impro avec Mama Diabaté, contes en tout genre et chansons françaises. Que du bonheur qui nous laisse sur les rotules !
Voilà pour une première avancée dans le temps.
Bonne soirée à tous, Bisous et à très bientôt,
Bonne continuation,
Eric et toute la smala.
PS : D'autres actualités nous parviennent via Internet, notamment la belle avancée du projet Burkinature. Bravo Gilou et bisous à toute l'équipe. Une autre un peu moins joyeuse : il n'y a plus de café concert à La Roche car le Bib'Kornus a fermé ses portes. Où allons nous jouer ? En période électorale, certains pourraient se poser la question.
mardi 26 février 2008
Rectification
Bonsoir à tous,
Et oui un dernier petit message de fin de soirée. Nous jouions ce soir à l'hôtel Niji et nous espérions mettre des photos, malheureusement, cela ne fonctionne pas.
Après avoir lu vos messages, je me rends compte de la dureté avec laquelle vous avez perçu nos mots. Mais nous ne sommes pas en déprime, au contraire les projets s'amoncellent en fin de semaine. Nous avons aussi rencontrés de nombreux tambacoundais intéressants avec qui nous avons conversé. C'est juste la ville qui est un peu pesante. Nous avons joué au foot avec certains jeunes, nous avons rencontré Bouba à l'association "Le chemin des arts" (pour qui nous jouons demain soir).
Mais nous sommes déçu de la relation avec nos partenaires. Nous n'allons même pas pouvoir jouer dans les lieux partenaires de La Roche Sur Yon. C'est cela qui nous pèse et parfois nous énerve.
Nous ne sommes donc pas en déprime, non, non, non, nous sommes déçu et comme le disait très justement Caliméro : C'est pas juste !
bonne nuit,
Eric et toute la smala
PS : Bon, juste pour dire aussi que je ne suis ni déprimé et encore moins au fond du trou si c'est le sentiment que mon ùmessage a pu laisser. C'est juste une réflexion un peu sévère, mais à mon avis pas si éloignée que ça de la vérité. Un blog, ce sont des sentimenst etd es resentiments partagés à la volée. Les 15 premiers jours ont été formidables, certes. Mais pour ceux qui me connaissent, l'angélisme ne fait pas partie de ma philosophie de vie. Alors quand ça chie (sans mauvais jeux de mots) je le dis ! Voilà c'est tout...
Bonne nuit et à demain de bonne humeur. D'ailleurs de jouer ce soir et de partager le pestacle avec les infirmières et les clients du Niji, nous a tous regonflé, comme quoi, il suffit de pas grand-chose pour nous rendre heureux.
Pierre-Yves, lucide et pessimiste, c'est ma nature et j'y peux rien.
Et oui un dernier petit message de fin de soirée. Nous jouions ce soir à l'hôtel Niji et nous espérions mettre des photos, malheureusement, cela ne fonctionne pas.
Après avoir lu vos messages, je me rends compte de la dureté avec laquelle vous avez perçu nos mots. Mais nous ne sommes pas en déprime, au contraire les projets s'amoncellent en fin de semaine. Nous avons aussi rencontrés de nombreux tambacoundais intéressants avec qui nous avons conversé. C'est juste la ville qui est un peu pesante. Nous avons joué au foot avec certains jeunes, nous avons rencontré Bouba à l'association "Le chemin des arts" (pour qui nous jouons demain soir).
Mais nous sommes déçu de la relation avec nos partenaires. Nous n'allons même pas pouvoir jouer dans les lieux partenaires de La Roche Sur Yon. C'est cela qui nous pèse et parfois nous énerve.
Nous ne sommes donc pas en déprime, non, non, non, nous sommes déçu et comme le disait très justement Caliméro : C'est pas juste !
bonne nuit,
Eric et toute la smala
PS : Bon, juste pour dire aussi que je ne suis ni déprimé et encore moins au fond du trou si c'est le sentiment que mon ùmessage a pu laisser. C'est juste une réflexion un peu sévère, mais à mon avis pas si éloignée que ça de la vérité. Un blog, ce sont des sentimenst etd es resentiments partagés à la volée. Les 15 premiers jours ont été formidables, certes. Mais pour ceux qui me connaissent, l'angélisme ne fait pas partie de ma philosophie de vie. Alors quand ça chie (sans mauvais jeux de mots) je le dis ! Voilà c'est tout...
Bonne nuit et à demain de bonne humeur. D'ailleurs de jouer ce soir et de partager le pestacle avec les infirmières et les clients du Niji, nous a tous regonflé, comme quoi, il suffit de pas grand-chose pour nous rendre heureux.
Pierre-Yves, lucide et pessimiste, c'est ma nature et j'y peux rien.
Ecoutez vos yeux
Bonjour tout le monde,
Comment allez-vous tous en France, en Ukraine, en Chine, en Guinée Bissau ou ailleurs...
Nous, on fait aller. Oui, je passe beaucoup de temps sur la toile, sur mes nombreuses boîtes mails et le site du Sans-Culotte. Pourquoi ? Pas par obsession, car autant vous dire que je suis bien loin de l'actu yonno-yonnaise, vendéo-vendéenne et que je ne m'en porte pas plus mal... Non, si je surfe ainsi, c'est pour m'ouvrir chaque jour une petite fenêtre psychologique, une porte de sortie mentale. Parce que si le physique peut être bancal, en revanche, laissez son moral partir en spleen, là ça devient problématique pour soi et pour le groupe...
Et comme vous l'a dit Eric, pour nous la lutte est aujourd'hui mentale. Nous sommes un peu comme des taulards espérant la perm de sortie ou même la grace présidentielle.
En même temps, je viens de comprendre ce qui se tramait ici. Tambacounda est une ville sans âme, sans esprit, sans passé et même pire sans avenir. Ici, tout ou presque n'est que résignation. On le serait à moins dans cet endroit écrasé par la chaleur où le moindre geste coûte de tels efforts. Où la moindre sortie se paye cash le soir notamment au niveau respiratoire.
Voilà ce qui manque à cette ville : de l'air ! De quoi respirer, espérer, rêver... Car, un peuple sans espoir, sans rêve, n'avance pas. Et Tamba, me semble-t-il, fait du surplace. Et nous entraîne dans son sillage, alors que nous sommes que de passage. Imaginons, imaginez donc la vie au jour le jour des Tambacoundais. On ne peut leur jeter la pierre... Juste être triste et impuissant. Le pire des sentiments pour notre club des cinq pas vraiment habitué à l'inaction et à la léthargie... Depuis dix jours, nos âmes et nos consciences sont piégées. C'est douloureux, mais c'est comme ça !
Je vous ai souvent parlé de ce que nous entendions et voyions depuis notre départ de Dakar. Or, à Tamba, là encore, ça ne fonctionnait pas. Aucun horizon visuel n'existe ici, aucune porte de sortie. Pas de fleuve à scrutin, encore moins de Mauritanie ou de Mali pour s'évader... Non, à Tamba, si la ville, la rue, les gens font bien du bruit, cela n'a rien à voir avec le tourbillon d'une Thiès, d'une Saint-Louis ou encore d'une Matam. Et comme j'ai horreur de ne pas comprendre, de ne pas saisir l'environement dans lequel je vis, j'évolue, j'ai essayé de me caler. Notamment devant la télé. Et c'est hier soir que j'ai enfin saisi la clé du problème, en scrutant moitié éveillé un spot de la RDV, concurrente privée de la très officielle et présidentielle RTS : "Ecoutez vos yeux" m'a dit la petite lucarne...
Bien sûr... Quand il n'y a aucun chant d'espoir, de vie à glaner dans les rues, dans le bruit des enfants (plus de pleurs que de rires) dans celui des passants, il reste que le chant de la procuration : la télé, unique ouverture sur le monde, au-delà de Tambacounda. Ecouter ses yeux, c'est donc s'abandonner, ne plus boire dans l'abreuvoir de l'espoir. Ecouter ses yeux, c'est aussi fuir la réalité pour la fiction américaine, pour le bourrage de crâne islamique, pour la Ligue des champions, ses passements de jambes et son fric indécent... Ecouter ses yeux, c'est ne croire que ce que l'on voit et donc ne même pas imaginer qu'autre chose est possible.
C'est insupportable à notre vision du monde, à notre envie de partage, de lutte et de construction. C'est la réalité de milliers de Tamba de part le monde.
Cette escale est sans doute notre pire erreur et en même temps une chance incroyable de nous ouvrir les yeux. Et de ne pas uniquement croire que la vie est un long fleuve Sénégal tranquille où l'on vous accueille forcément à bras ouverts.
En terminant ce message, je ne pense qu'aux élèves avec lesquels nous travaillons depuis une semaine. Des enfants, âgés de 8 à 14 ans, d'une intelligence, d'une culture, d'une réactivité incroyables. Des gamins aux potentialités qu'on aimerait de temps en temps retrouver chez les ultra gatés de La Roche et de la France entière. Des élèves qui, eux, ne peuvent pas se dire J-3. Et ça, je peux vous dire que ça me fait bien plus mal au bide que la courante pas marrante qui m'a fait faire des genu flexions le week-end dernier.
Bien à vous.
Pierre-Yves et toute l'équipe.
Comment allez-vous tous en France, en Ukraine, en Chine, en Guinée Bissau ou ailleurs...
Nous, on fait aller. Oui, je passe beaucoup de temps sur la toile, sur mes nombreuses boîtes mails et le site du Sans-Culotte. Pourquoi ? Pas par obsession, car autant vous dire que je suis bien loin de l'actu yonno-yonnaise, vendéo-vendéenne et que je ne m'en porte pas plus mal... Non, si je surfe ainsi, c'est pour m'ouvrir chaque jour une petite fenêtre psychologique, une porte de sortie mentale. Parce que si le physique peut être bancal, en revanche, laissez son moral partir en spleen, là ça devient problématique pour soi et pour le groupe...
Et comme vous l'a dit Eric, pour nous la lutte est aujourd'hui mentale. Nous sommes un peu comme des taulards espérant la perm de sortie ou même la grace présidentielle.
En même temps, je viens de comprendre ce qui se tramait ici. Tambacounda est une ville sans âme, sans esprit, sans passé et même pire sans avenir. Ici, tout ou presque n'est que résignation. On le serait à moins dans cet endroit écrasé par la chaleur où le moindre geste coûte de tels efforts. Où la moindre sortie se paye cash le soir notamment au niveau respiratoire.
Voilà ce qui manque à cette ville : de l'air ! De quoi respirer, espérer, rêver... Car, un peuple sans espoir, sans rêve, n'avance pas. Et Tamba, me semble-t-il, fait du surplace. Et nous entraîne dans son sillage, alors que nous sommes que de passage. Imaginons, imaginez donc la vie au jour le jour des Tambacoundais. On ne peut leur jeter la pierre... Juste être triste et impuissant. Le pire des sentiments pour notre club des cinq pas vraiment habitué à l'inaction et à la léthargie... Depuis dix jours, nos âmes et nos consciences sont piégées. C'est douloureux, mais c'est comme ça !
Je vous ai souvent parlé de ce que nous entendions et voyions depuis notre départ de Dakar. Or, à Tamba, là encore, ça ne fonctionnait pas. Aucun horizon visuel n'existe ici, aucune porte de sortie. Pas de fleuve à scrutin, encore moins de Mauritanie ou de Mali pour s'évader... Non, à Tamba, si la ville, la rue, les gens font bien du bruit, cela n'a rien à voir avec le tourbillon d'une Thiès, d'une Saint-Louis ou encore d'une Matam. Et comme j'ai horreur de ne pas comprendre, de ne pas saisir l'environement dans lequel je vis, j'évolue, j'ai essayé de me caler. Notamment devant la télé. Et c'est hier soir que j'ai enfin saisi la clé du problème, en scrutant moitié éveillé un spot de la RDV, concurrente privée de la très officielle et présidentielle RTS : "Ecoutez vos yeux" m'a dit la petite lucarne...
Bien sûr... Quand il n'y a aucun chant d'espoir, de vie à glaner dans les rues, dans le bruit des enfants (plus de pleurs que de rires) dans celui des passants, il reste que le chant de la procuration : la télé, unique ouverture sur le monde, au-delà de Tambacounda. Ecouter ses yeux, c'est donc s'abandonner, ne plus boire dans l'abreuvoir de l'espoir. Ecouter ses yeux, c'est aussi fuir la réalité pour la fiction américaine, pour le bourrage de crâne islamique, pour la Ligue des champions, ses passements de jambes et son fric indécent... Ecouter ses yeux, c'est ne croire que ce que l'on voit et donc ne même pas imaginer qu'autre chose est possible.
C'est insupportable à notre vision du monde, à notre envie de partage, de lutte et de construction. C'est la réalité de milliers de Tamba de part le monde.
Cette escale est sans doute notre pire erreur et en même temps une chance incroyable de nous ouvrir les yeux. Et de ne pas uniquement croire que la vie est un long fleuve Sénégal tranquille où l'on vous accueille forcément à bras ouverts.
En terminant ce message, je ne pense qu'aux élèves avec lesquels nous travaillons depuis une semaine. Des enfants, âgés de 8 à 14 ans, d'une intelligence, d'une culture, d'une réactivité incroyables. Des gamins aux potentialités qu'on aimerait de temps en temps retrouver chez les ultra gatés de La Roche et de la France entière. Des élèves qui, eux, ne peuvent pas se dire J-3. Et ça, je peux vous dire que ça me fait bien plus mal au bide que la courante pas marrante qui m'a fait faire des genu flexions le week-end dernier.
Bien à vous.
Pierre-Yves et toute l'équipe.
J-3
Bonjour à tous et à toutes,
cela pourrait sonner comme une libération mais J-3 c'est avant notre spectacle avec les enfants de Sada Maka Sy. Le travail avance bien et le mélange de contes, d'histoires africaines et de musiques européennes donne un résultat très intéressant que nous avons hâte de vous faire partager. Lundi soir nous avons poursuivi le travail des enfants d'un échange avec les griots.
Hier matin, chacun a pu vaquer à ses occupations : Pierre-Yves et la fièvre du SC85, Mathieu qui écrit, Maud et Félix sont allés au lycée donner un coup de main à la bibliothèque du lycée et pour ma part, j'ai travaillé avec Ciré sur des demandes de subvention et des réalisations de budget. Le reste de la journée s'est orienté autour de la répétition avec les enfants avec un rythme qui s'installe doucement. Nous avons annulé la visite du Niokolo Koba à cause d'un budget trop serré. Et oui, le Sénégal est un des pays les plus chers d'Afrique et nous le ressentons. Comme nous ne voulons pas rentrer à pieds, nous concentrons les économies.
Des petits coups de fatigue nous gagnent les uns après les autres mais pas de réels problèmes de santé. Il fait toujours aussi chaud et l'air est toujours aussi sec.
Pourtant J-3, on le considère aussi comme l'arrivée d'une délivrance ! (rien que ça) Une question nous reste à l'esprit depuis que nous sommes arrivés, question dure, certes, mais qui mérite d'être posée : Pourquoi La Roche est jumelée avec Tambacounda ? Nous ne sommes pas maltraités c'est sûr, mais nous n'avons aucune relation amicale avec nos partenaires ou avec les tambacoundais. Les gens sont plus réticents à nous parler que dans les autres villes et les relations partenariales se résument à notre travail avec les enfants. Personne ne nous a fait visiter la ville, personne ne nous a invité à boire le thé à la maison. Cela ne nous vexe pas evidemment mais nous nous posons beaucoup de questions.
Quoi qu'il en soit, notre projet nous réconforte et nous permet de tenir. La cérémonie sera très belle et comme le dit Moussa : tout le monde est invité !
Alors venez nombreux le vendredi 29 février 2008, à 18h, à l'école Sada Maka Sy.
Bisous à tous, bonne continuation et à très bientôt,
Eric et toute la smala.
PS : Papa, pour toi c'est j-2 et t'inquiètes pas on y pense...
cela pourrait sonner comme une libération mais J-3 c'est avant notre spectacle avec les enfants de Sada Maka Sy. Le travail avance bien et le mélange de contes, d'histoires africaines et de musiques européennes donne un résultat très intéressant que nous avons hâte de vous faire partager. Lundi soir nous avons poursuivi le travail des enfants d'un échange avec les griots.
Hier matin, chacun a pu vaquer à ses occupations : Pierre-Yves et la fièvre du SC85, Mathieu qui écrit, Maud et Félix sont allés au lycée donner un coup de main à la bibliothèque du lycée et pour ma part, j'ai travaillé avec Ciré sur des demandes de subvention et des réalisations de budget. Le reste de la journée s'est orienté autour de la répétition avec les enfants avec un rythme qui s'installe doucement. Nous avons annulé la visite du Niokolo Koba à cause d'un budget trop serré. Et oui, le Sénégal est un des pays les plus chers d'Afrique et nous le ressentons. Comme nous ne voulons pas rentrer à pieds, nous concentrons les économies.
Des petits coups de fatigue nous gagnent les uns après les autres mais pas de réels problèmes de santé. Il fait toujours aussi chaud et l'air est toujours aussi sec.
Pourtant J-3, on le considère aussi comme l'arrivée d'une délivrance ! (rien que ça) Une question nous reste à l'esprit depuis que nous sommes arrivés, question dure, certes, mais qui mérite d'être posée : Pourquoi La Roche est jumelée avec Tambacounda ? Nous ne sommes pas maltraités c'est sûr, mais nous n'avons aucune relation amicale avec nos partenaires ou avec les tambacoundais. Les gens sont plus réticents à nous parler que dans les autres villes et les relations partenariales se résument à notre travail avec les enfants. Personne ne nous a fait visiter la ville, personne ne nous a invité à boire le thé à la maison. Cela ne nous vexe pas evidemment mais nous nous posons beaucoup de questions.
Quoi qu'il en soit, notre projet nous réconforte et nous permet de tenir. La cérémonie sera très belle et comme le dit Moussa : tout le monde est invité !
Alors venez nombreux le vendredi 29 février 2008, à 18h, à l'école Sada Maka Sy.
Bisous à tous, bonne continuation et à très bientôt,
Eric et toute la smala.
PS : Papa, pour toi c'est j-2 et t'inquiètes pas on y pense...
dimanche 24 février 2008
Dimanche à la piscine !
Bonjour à tous et à toutes,
me voilà de retour sur le blog après une semaine d'absence. En effet, victime d'une bonne infection, j'ai dû fonctionner au ralenti pendant quelques jours entre le dispensaire, l'auberge et l'hôpital. Mais les analyses sont rassurantes, il faut juste de la patience...
Me voici donc d'attaque pour poursuivre notre création avec les enfants qui progresse de façon fulgurante. Nous avons réalisé notre premier filage ce matin et le spectacle commence à avoir de l'allure. 45 minutes de contes, musiques et chansons. Nous accompagnons les contes africains avec des musiques africaines ou tsiganes et le panel de mélodies que nous avons pu créer ou glaner au gré de l'harmattan trouve sa place derrière chaque conte. La réalisation se concrétisera vendredi avec quelques griots qui viendra clôturer le bal.
Sinon du point de vue des activités, elles sont assez limitées : sieste, repas, repos, répétition, déjeuner, répétition, dîner, dodo enfin toute cette sorte de chose. Hier pourtant nous sommes allés à la piscine et je ne vais pas tarder à rejoindre les copains pour y retourner cet aprem. Aujourd'hui c'est l'anniversaire du camarade Poutie alors faut pas déconner ! On va à la piscine et on se fait un repas gargantuesque. Ce matin on lui même offert une tablette de chocolat. Rigolez pas c'est un super cadeau quand on est à Tamba.
La semaine s'annonce elle plus animée avec plusieurs concerts de prévus comme vous l'annoncait Félix. On part au parc du Niokolo Koba pour 2 jours et quelques séances de travail sont prévues dans divers domaines.
Voilà pour aujourd'hui je vous laisse à votre écran (drogués de l'info) et on se retrouve au prochain numéro.
Gros bisous à tous et à très bientôt,
Eric et toute la smala.
me voilà de retour sur le blog après une semaine d'absence. En effet, victime d'une bonne infection, j'ai dû fonctionner au ralenti pendant quelques jours entre le dispensaire, l'auberge et l'hôpital. Mais les analyses sont rassurantes, il faut juste de la patience...
Me voici donc d'attaque pour poursuivre notre création avec les enfants qui progresse de façon fulgurante. Nous avons réalisé notre premier filage ce matin et le spectacle commence à avoir de l'allure. 45 minutes de contes, musiques et chansons. Nous accompagnons les contes africains avec des musiques africaines ou tsiganes et le panel de mélodies que nous avons pu créer ou glaner au gré de l'harmattan trouve sa place derrière chaque conte. La réalisation se concrétisera vendredi avec quelques griots qui viendra clôturer le bal.
Sinon du point de vue des activités, elles sont assez limitées : sieste, repas, repos, répétition, déjeuner, répétition, dîner, dodo enfin toute cette sorte de chose. Hier pourtant nous sommes allés à la piscine et je ne vais pas tarder à rejoindre les copains pour y retourner cet aprem. Aujourd'hui c'est l'anniversaire du camarade Poutie alors faut pas déconner ! On va à la piscine et on se fait un repas gargantuesque. Ce matin on lui même offert une tablette de chocolat. Rigolez pas c'est un super cadeau quand on est à Tamba.
La semaine s'annonce elle plus animée avec plusieurs concerts de prévus comme vous l'annoncait Félix. On part au parc du Niokolo Koba pour 2 jours et quelques séances de travail sont prévues dans divers domaines.
Voilà pour aujourd'hui je vous laisse à votre écran (drogués de l'info) et on se retrouve au prochain numéro.
Gros bisous à tous et à très bientôt,
Eric et toute la smala.
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